7.9.07

Chroniques de Sireli (1 et 2)


Remise des prix

C’était une sorte de litanie : évora, abrantes, tartara, titrera, quetruit… Depuis quinze jours, l’auteur s’installait chaque matin à la table de l’huissier, seul au fond de la salle du banquet, et récitait ainsi des paroles sans suite.
La cérémonie avait déjà été retardée d’une semaine, et les journalistes se pressaient de plus en plus nombreux dans le hall tandis qu’il égrainait son monologue insensé. Dehors, l’huissier délogé faisait les cent pas loin de l’agitation ; la police patrouillait en silence ; et parmi la foule, une femme âgée vêtue de noire observait la scène sans dire un mot.
Il répète son discours, expliquait l’attachée de presse, rassurante, appuyée contre la porte comme pour le protéger des intrus. A-t-il perdu la tête ? se demandait-elle, paniquée, tandis que l’auteur, de l’autre côté, poursuivait, impénétrable, faisant comme si les lustres ne clignaient pas au plafond, comme si le couvert n’était pas dressé pour la remise des prix, comme si des millions de gens n’attendaient pas depuis trois semaines la fin de son baragouin : tahiti, pandémi, tajadod, timidi…
Timide, il a dit timide ! s’exclama le Français. Renouveau, crut reconnaître le traducteur farsi, qui en informa son gouvernement. 968 langues étaient ainsi représentées par leurs interprètes, attendant en vain de traduire le discours du lauréat. Reliés à leurs oreillettes, ils guettaient ses mots dans l’espoir d’y trouver un sens : viv, listéria, bibliofible…
Le jury se réunissait en huis clos à l’issue de chaque journée. Que faire ? On retarde encore d’une semaine ? Impossible ! Faisons comme si c’était français. Mais c’est du charabia ! On annule ? C’est l’œuvre qu’on récompense, pas l’homme ! Et si l’homme est devenu fou ?
C’était un personnage corpulent, doté d’une voix de stentor. Il mangeait peu depuis son arrivée, mais gardait toute sa stature. D’origine Nuyn, il était né en Europe Centrale, avait vécu au Moyen-Orient, avant de partir aux Etats-Unis. Le soir, à l’heure où il quittait la salle du banquet pour regagner son hôtel, les gardes du corps nouaient leurs bras pour former une haie afin d’assurer son passage. Il s’y engageait, tranquille, sans prêter attention au murmure qui s’élevait de chaque côté. La nouvelle de son comportement étrange s’était répandue à travers le monde, et chacun, au rang des curieux, y allait de sa théorie : est-ce une maladie ? Une posture ? De type situationniste ? Allez savoir ! Bien sûr, sa littérature au cours des ans est devenue plus ardue, inaccessible, hermétique au plus grand nombre… C’est comme s’il renouait ainsi avec sa langue maternelle, oubliée depuis si longtemps ! Il y a aussi eu cette visite, cinq ans auparavant, dans sa ville natale de Sireli… Savez-vous que les Nuyns, ce peuple si longtemps opprimé, l’ont vidée de l'autre partie de ses habitants.
Tarata, brulerai, lapandémi…
Au cours de la quatrième semaine, l’attachée de presse lui apporta une feuille et un stylo avec son repas. Le président du jury croyait en les vertus curatives de l’écriture. Mais le stylo resta intact, sur le bureau capitonné de l’huissier. L’auteur, simplement, faisait de grands gestes maintenant pour accompagner sa voix : nogou, biblio-fibre…
Les interprètes désertaient progressivement leurs boxes. Au bout de cinq semaines, une trentaine seulement restaient encore à leur poste. Qu’en pensez-vous ? demandait l’Italien à son voisin grec, moi, il me semble que c’est une sorte de latin originel ? Vous voulez dire du grec ! Il tente en vain de retrouver les racines indo-européennes de la langue, tranchait leur collègue indien. Je rentre chez moi ! s’énerva le bulgare. Et le représentant de la Tanzanie appelait son gouvernement pour obtenir enfin l’autorisation de partir.
Pour autant, la cérémonie n’était pas annulée, il fallait trouver des remplaçants, compétents et polyglottes de surcroît. Car tout cela commençait à coûter cher à la communauté internationale…
Alors, la femme en noir qui se tenait impassible dans la foule put gagner la cabine qu’on lui désigna sur le flanc de la grande salle. C’était une spécialiste du nuyn, mais elle avait également des notions de russe et de flamand.
Elle l’écouta, un doigt sur l’oreillette, sans répondre aux pics de ses voisins : il fallait bien un jour récompenser un représentant des Nuyn, peuple opprimé. L’auteur le sait, et c’est pour cela qu’il rechigne à recevoir son prix. Mais pourquoi alors ne pas le refuser franchement et en finir une bonne fois pour toutes ! Tous les Nuyns se comportent-ils ainsi ?
Elle faisait de longues journées, restant tardivement dans les locaux. Un soir où ses collègues avaient déserté la salle, elle descendit de son box vitré pour s’approcher de l’homme, qui poursuivait son récit, interminable, celui de : bizaban, rideveunu, numoi…
Sur sa robe noire, pendait un long collier de rubis oranges qu’elle se mit à triturer en lui racontant sa propre histoire, celle de cet art obscur, cette entreprise invisible de traduction qu’elle poursuivait depuis 30 ans, à l’image des scribes qui avaient copié jour après jour durant des siècles les textes ancestraux de la littérature nuyn. Les artisans comme elle se dissimulaient si bien derrière leur ouvrage, qu’on oubliait jusqu’à leur nom, et il ne se souvenait pas sûrement de l’avoir rencontrée il y a bien longtemps déjà, lors d’un voyage à Sireli.
L’homme se tut et observa la petite femme et les sillons creusés sur son visage.
Elle prit alors son air le plus docte pour évoquer cette société fondée sur la réciprocité et l’économie du don qui avait été la sienne jusqu’à ce que la victoire sur les peuples majoritaires ainsi que la prospérité capitaliste y mettent un point final.
Maintenant, dès qu’elle s’adressait à son collègue de l’université, celui-ci changeait immédiatement de sujet pour parler de sa propre carrière ; son père, lui, se mettait à brailler au bout de quelques phrases que ce n’était vraiment plus possible de vivre ainsi dans l’insécurité de ce monde ; et son mari, rapidement, détournait la tête pour ne plus l’entendre.
Tout cela, bien sûr, elle en avait l’habitude, et ne s’en étonnait pas. Elle connaissait le poids de listériordinère et avait vu venir, bienavankikonc, linvasion du moiomniprésent…
Elle ne s’était décidée à créer son propre langage que le jour où elle avait réalisé qu’elle aussi détournait le visage après avoir braillé contre le monde et n’avait en réalité envie de parler de rien d’autre que d’elle-même.
Voulait-il entendre sa litanie ?
En l’entonnant, elle se mit à agiter la main comme pour repousser au loin la table monumentale qui s’étendait à perte de vue, les lustres, et les box vides en haut de l’escalier.
L’auteur pendant ce temps s’était levé, et empochait avant de partir le stylo laissé par l’attachée de presse.
Le lendemain matin, l’huissier récupéra son bureau afin d’officialiser son refus.
Cinq ans après, le jury siégea de nouveau pour remettre le prix à la femme à la robe noire qui avait repris le flambeau de la littérature Nuyn, et dont les yeux au milieu de son visage émacié scintillaient de joie comme des rubis.

Naïri Nahapétian


La chanson

Elle adorait cette chanson. Dès qu’elle se retrouvait seule, Madère se la passait en boucle, d’abord en entier, puis juste un air, toujours le même, celui qui précédait le refrain. Il s’en échappait un essaim de larmes, des pluies de rires, au milieu d’artères de lumière. Cela la mettait en joie, lui donnait envie de faire des choses idiotes, de chanter à tue-tête ou de courir bêtement dans l’appartement.
Et Madère chantait en effet, les yeux fermés, essayant d’accompagner la voix, quand la clé avait tinté au loin dans la serrure.
Avant de gagner le centre de la pièce, elle avait déplacé le diamant sur le vinyle, qui s’était remis à tournoyer, avec la musique familière. Chaque fois qu’elle remettait ainsi la chanson, Madère montait un peu plus le son, couvrant imperceptiblement l’ensemble des bruits de la maison. Aussi, n’avait-elle rien entendu des pas étonnés qui se précipitaient dans la pièce, rien vu des sacs encombrés qui se jetaient sur le sol.
- Tu peux arrêter ça, s’il te plaît ? lui avait dit Gabrielle, en l’interrogant du regard.
Le rouge aux joues, Madère avait fait comme si de rien n’était, comme si elle n’était pas une vieille femme qui venait de passer deux heures à écouter la même chanson. Mais la musique hurlait sa honte dans la pièce. Pourquoi si fort ? se demanda-t-elle en se dirigeant faiblement vers le tourne-disque. Et elle comprit soudain, en dissimulant le 45-tours dans son tablier, à quel point elle s’oubliait et oubliait tout ainsi que le reste dès que ses accords résonnaient en elle.
- Bon, j’y retourne, dit-elle avant de se remettre à sa table, le dos tourné, plongée dans ses coupes, prisant, reprisant, rapiéçant dans la chambre.

La chanson racontait une histoire… Madère ne l’avait découvert que petit à petit, en déchiffrant ses mots qui ruisselaient dans une langue étrangère. C’était une histoire héroïque, il y avait une femme et ses enfants. Et cela se terminait mal.
L’air qu’elle écoutait en boucle était un prélude au refrain. C’était le plus beau morceau, ses notes étaient pleines d’espoir, elles l’emportaient vers la joie, avant de plonger subitement dans les graves.
Il lui suffisait de l’entendre une fois pour garder la mélodie en tête. Secrètement, elle l’accompagnait ensuite dans chacun de ses pas, ressuscitait son courage, lui donnant la force d’affronter le matin, de sortir de sa pièce. En gros, c’est elle qui lui permettait de se lever, de travailler et de vivre. C’était bien plus qu’un chant en fait, et elle l’avait livré à l’ennemi.

Durant quelques jours, elle se demanda si elle pourrait l’écouter de nouveau sans cette honte qui l’avait envahie soudain devant Gabrielle et les enfants. Quand ses yeux se posaient sur le tourne-disque, le souvenir de la scène revenait la brûler et elle détournait les yeux. Mais elle ne pouvait rien faire sans cet air, c’était impossible, ses doigts étaient trop lourds, et ses jambes paresseuses. Aussi fredonnait-elle la chanson dans le silence de son âme, en attendant qu’ils partent.
Au fil des ans, elle ne s’en était curieusement jamais lassée. Peut-être à cause de cette langue à la fois étrange et familière. Peut-être aussi, se dit-elle, parce qu’elle l’entendait depuis le début selon un compte-goutte toujours plus limité.
Elle l’avait découverte il y a plus de quarante ans, qui s’échappait de la porte entrouverte d’un magasin de Sireli. Emballée, elle l’avait immédiatement ramenée chez elle, et l’avait jouée une fois, puis une deuxième, et une troisième, en passant la serpillière.
- Tu écoutes toujours la même chose, lui avait reproché son mari.
Le morceau avait trop d’entrain probablement (et tant de tristesse en même temps), c’était sûrement trop de bonheur pour être partagé, quelque chose de trop beau pour être écouté en public. Elle s’était donc résignée à la garder pour elle.
Puis, le cousin Harek, un soir lors d’un dîner en famille, pour Pâques ou pour Noël, avait joué son disque devant tout le monde.
Un silence hébété était tombé sur la salle à manger.
- C’est épouvantable, ça, vous aimez ? avait demandé sa belle-mère.
Madère s’était donc dit que c’était trop encore de laisser traîner ce disque au milieu des autres. Il faut croire que c’était son plaisir à elle, celui qu’on lui avait destiné. D’ailleurs, le chanteur était mort depuis longtemps déjà, et on ne trouvait plus ses disques nulle part. C’était une satisfaction qui lui était réservée, personnellement… Et voilà qu’elle les avait livrées, la voix et son entrain, à ce visage fermé qui était celui de Gabrielle !

Madère avait toujours préféré sa fille, qui venait la chercher avec ses rires, tandis que son fils restait quoi qu’on fasse engoncé dans son mutisme. Il était fait d’une pierre mal embouchée, pareille à celle de son père, qui avait forgé des générations d’hommes portant le même nom que lui.
Aussi, quand on lui avait donné le choix, elle avait demandé à vivre chez Gabrielle, se faisant toute petite, pour ne pas gêner, dormant sur le matelas cabossé de sa chambre, mijotant, repassant, raccommodant, sans se faire voir. Elle ne sortait dans la maison que lorsqu’il n’y avait personne, son 45-tours sous le bras. Gabrielle ne lui avait jamais rien dit, mais elle savait qu’elle devait se comporter ainsi. Après tout, c’était un temps d’exode et de conflit : chacun devait se résigner à des sacrifices.
Après la guerre, lorsque les enfants de sa fille étaient venus au monde, elle s’en était occupée un par un. Et dès qu’ils avaient pu marcher, elle les avait laissés à leur mère. Là encore, une règle tacite lui dictait sa conduite. Celle-ci lui coûtait peu, finalement, tant qu’elle avait ses moments à elle, seule avec la chanson.
Mais voilà maintenant qu’ils ne quittaient plus l’appartement. Depuis le jour où on l’avait surprise, il y avait toujours quelqu’un dans les parages : Gabrielle ou son mari, les enfants et leurs amis… Madère s’impatientait, se disant au fond d’elle néanmoins qu’ils finiraient par se fatiguer. Jamais ils ne pourraient tenir ainsi, de manière perpétuelle, et quelque chose inévitablement les pousserait à sortir.
Au bout d’une dizaine de jours, son fils fut invité, avec sa femme, Danielle Grimance, cette bourgeoise désenchantée.
C’est elle qui apporta le cadeau : un petit objet gris, métallisé, compact.
Tout en déballant, on appela Madère, qui s’avança en hésitant. Les enfants se mirent à rire. Sa fille Gabrielle la regarda avec un sourire :
- Tu vois, la mère, on va enfin pouvoir remplacer ton vieux tourne-disque.
Hein ? Et la mère se tourna vers le meuble où aurait dû se trouver la chaîne, massive et colossale.
- Je l’ai fait emporter ce matin. On va aussi pouvoir jeter tout ça, ajouta Gabrielle en montrant ses vieux vinyles. Je ne les écoutais plus de toute façon, les enfants m’en ont téléchargé la plupart…
Mais la mère ne répondit rien, s’enferma d’urgence en elle-même, pour tenter de rattraper ce qui lui échappait déjà, l’air qu’elle n’entendrait plus, celui qui était encore un peu là dans son esprit, mais allait bientôt s’effacer.

Naïri Nahapétian

5.11.06

RZ36

textes, images, isabelle barat

RZ36 III

à suivre

13.9.06

RZ36 III

cycles du balayage
où je devient il, sauf dans il pleut, il arrive que


RZ36....II-37

Do not disturb the bell
Enter at your own risk
No free newspapers
Please do not attach your bicycle at this door
Please do not ring
No door to door sales
Do not obstruct this door
Please close the door behind you
Beware of the bell
No junk mail in this box
All mail for 36 through next front door box please
Please knock. Press bell harder for attention.

Pieces of paper (papiers collés) stuck with tape

We’re looking at timetables, the closer we get the better
La Manche is closed NO HOT ASHES

Et le reste aux oiseaux.


2.7.06

RZ36....II-36

I.C. ROSE, Ordinary Seaman. RN.H.M.L.C.T. 21TH November 1995 Age 42.
Years are different, months, weeks.
Why waiting so much?

Bells all the time give it to the birds carillons tout le temps les oiseaux sont partout c’est arrivé en mai
Les yeux rivés au sol.
The last hirondelle. Swallow. Avaler.


RZ36....II-35

Principio incipit, mes doigts raclent doucement le long du bâtiment qui se dresse comme un chien jaune, menthe sur le bord du tableau.

Une goutte d’eau se plie, un duvet bref, des sons, past, passé. Flowers ripening into blackberries, wind turning into heat droplets.
...last grand voilier, Caraïbes, Amazone, crossing empty liquid steps, the past is forty meters high over the waves, men run above it, sometimes they’re taken under, gros temps, heavy weight, “Je pourrais le faire”, la possibilité de ne pas.

Still have pain everyday

Nail Crumble Blue


RZ36....II-34

J’étouffe mes mots avec ma voix, insectes morts, coquilles vidées sur les bords des trottoirs, bruissement pourpre des criquets, les cendres sont le rêve de toute civilisation.
Lapin-Trompette de peau et de bois
Flesh is another possibility.

Nail Crumble Blue


RZ36....II-33

Shoot-Up-Hill, square remains of the war on top sweeping the sea from upwards sur la ligne perdue de l’horizon.
Côte360 jamais pourtant Jerry n’est mort là-bas
son corps l’a porté encore
les yeux à l’intérieur.

Butterflies and sparrows as long as…
écrire est une cérémonie.


RZ36....II-32

White fog sad reminder of the snow. Buée triste, rappel de la neige, faint slipping rubble, poussière de pierre, les arbres reculent dans le fond.
SW’SEA, Fumbling River Rubble, washing up the lines between rails and road.
Streams and sheep, River Wire entangled in many furrows of grey, white fog is thinning blue.
One brief moment before everything start to move again, in opposite directions.
Land’s End, no hard games.

Nail Crumble Blue


RZ36....II-31

A place for hanging sailors at the low water mark and there to remain till three tides have overflowed them. The rattle of a dead man’s chains when the waves surge on a rising tide.
When the bowsprits and booms shudder and scream against the quays and the wind moan though old rigging like the last sight of the sailor swinging by the water.
WATER GREEN JANGLING


RZ36....II-30

A tiny square of a table, pink and white checkered table cloth, a chocolate biscuit and a glass of white milk in front of the TV set. I could be this old lady.
Holes in the frame, letters through wind, wind through letters, letters and holes
Pas décelable pour qui ne s'y attend pas.

Jeux dans une ville trop pleine
je suis loin.

Nail Crumble Blue



Un tout petit carré de table, carreaux roses et blancs, un biscuit au chocolat et un verre de lait blanc en face du poste de télévision. Je pourrais être cette vieille dame.
Trous dans le cadre, lettres à travers le vent, vent à travers les lettres, lettres et trous.
Pas décelable pour qui ne s'y attend pas.
Jeux dans une ville trop pleine
je suis loin.
Nail Crumble Blue

RZ36....II-29

Dans une longue ligne de red lights.

It is raining today. Walking into my reflections, it is always raining, careless windows, glassless windows, white smoke over the trees, crags, felter, fissures de feutre.
Je peux encore jouer de la basse mais je n’ai plus rien, une fois que c’est arrivé ça change les choses, j’ai tout cassé.
Nail Crumble Blue
Dans une longue ligne de red lights.
Il pleut aujourd’hui. Marchant dans mes reflets, il pleut toujours, fenêtres s’en moquent, fenêtres sans vitres, fumée blanche par-dessus les arbres, crags, felter, fissures de feutre.
Je peux encore jouer de la basse mais je n’ai plus rien, une fois que c’est arrivé ça change les choses, j’ai tout cassé.
Nail Crumble Blue

RZ36....II-28

L’homme a retrouvé sa dalle de fer, glycines entre les barres, chaque année se retranche contre les grilles, vitres blessées, papiers collés stuck with tape.
In Daffydd, a man is making a home out of bales of straw.
Une maison de paille qui pourrira doucement pendant le prochain siècle.
cendres dans mes bras depuis longtemps

RZ36....II-27





Deux en train de s’embrasser dans une Smart Passion | « A Vendre, Smart Passion… » | Deux en train de s’interroger sur une rayure dans la porte de la Mercedes grise | Moi je trouve que c’est drôle.


RZ36....II-26


enveloppés chacun dans un sac de plastique blanc et bleu, la moitié d’une tomate, morceau de pain comme un morceau de joue, un stylo rouge, une bouteille de boisson verte presque vide, un petit oignon pelé, un journal plié en quatre dans le sens de la longueur, un journal plié en quatre dans le sens de la longueur, un journal plié en quatre dans le sens de la longueur, enveloppés chacun dans un sac de plastique blanc et bleu

playing ball in this place where tigers were once chopping heads

jouant au ballon dans cet endroit où les tigres coupaient des têtes

jusqu'aux sons que je finirai par sortir de ma gorge,
j’ai été rejeté

Nail Crumble Blue


29.6.06

RZ36....II-25




oh Jefrese, tu es loin?
l'ennui de juillet c'est le temps, mais août ça sera autre chose, août ce sera Daffydd pour moi demain, et toujours la question du temps, mais ça sera autre chose.


RZ36....II-24

Friday night in july, Jerry got out some popping things, firecrackers, multi-couloured paper ribbons flying over the tablecloth, lost Father Christmas from last year.
Passing seasons in the Netherwood bushes, the old tyre is getting old gracefully, moss and ferns over the new leaves which shall stumble inside it quand les branches go blind and naked and the rain is thicker.
Butterlies and sparrows as long as I can name them, ten o’clock at night, I am never ashamed to share a few tears with the pond.



Vendredi soir en juillet, Jerry a sorti des choses qui éclatent en faisant “pop”, feux d’artifices minuscules, rubans de papier exigeant la table, Père Noël perdu de l’année dernière.
Saisons passantes dans les buissons de Netherwood, le vieux pneu est en train de vieillir, mousses et fougères par-dessus les nouvelles feuilles qui s’affaisseront quand les branches deviennent aveugles et nues et la pluie plus épaisse.
Papillons et moineaux aussi longtemps que je peux les nommer, dix heures le soir, je n’ai jamais honte de partager quelques larmes avec la mare.

RZ36....II-23

From here on a sunny day une part de moi est encore dans le vert sous les bois lorsque nous cherchions notre chemin vers la grande batisse sentier des cerfs suivant les aiguilles de pin attendant la prochaine marche (les souhaits se réalisent mieux un jour de soleil) oiseaux tout autour jamais entendu tant peut-être que j’étais sourde les années précédentes.




RZ36....II-22

Apprendre rétrospectivement sa mort, la lavande s’égoutte avec la boule qui gonfle entre mon foie et ma rate
even on a practical day
fantôme chargé, nœud après nœud, et le monde pousse, un moucheron noir sur l’écran sur un carré presque blanc, le carré s’agrandit, l’insecte ne grandit pas, pixels noirs, silent anatomy

Je construis soigneusement mes propres deuils
Nail Crumble Blue

4.6.06

RZ36....II-21

J'ai acheté ce magazine £3.50, à l'intérieur il y avait une barre de céréales, valeur £2, plus un coupon de réduction pour une marque de barre chocolatées, valeur £4,50, alors j'ai gagné £3 en achetant ce magazine. De plus, était inclus dans ce magazine un livret sur le golf que je désirais depuis un moment, valeur £6,50. Alors j'ai gagné £9,50 en dépensant £3,50. J'ai acheté ce magazine £3.50, à l'intérieur il y avait une barre de céréales, valeur £2, plus un coupon de réduction pour une marque de barre chocolatées, valeur £4,50, alors j'ai gagné £3 en achetant ce magazine. De plus, était inclus dans ce magazine un livret sur le golf que je désirais depuis un moment, valeur £6,50. Alors j'ai gagné £9,50 en dépensant £3,50.




RZ36....II-20


sanglantes
canal calédonien un oiseau à plat suspendu dans le ciel
Le long de la mer, roses et jaunes, pierres, sandstone, sable et poussière, les algues se sont durcies au contact de l’air
sometimes I can see from behind


RZ36....II-19

Il écrit sur une pierre, Côte360 Côte360 un essaim de petites mouettes tournant résolument en rond au-dessus d'elles-mêmes, paysage de papier ruiné dans le coin d’une rue, papiers collés avec un scotch, les yeux de verre se renversent sur le côté, deux mille ans, rencontrer ces murs envisagés deux mille fois dans les pages d’un livre, la matérialité de ces murs est un garant, un support, le temps passe, c’est une pierre à aiguiser.
grating fingertips into syllabub

souviens-toi que les bougies peuvent t'éfouffer


RZ36....II-18


Une maison pour que les gens se perdent, lettres lentes grattant l’ombre dans une fente de la pierre, a few tentative drops. Un espace de langues différentes, un espace où les choses s'attrapent, ne s’accrochent pas comme des rouages, un espace de flottement. L’ombre des couleurs.
Découper un cercle sur le sol dans l’épaisseur des feuilles jusqu’à la terre. Découper un rond très net dans l’épaisseur des feuilles mortes, toucher la terre. Sur le sol mouillé un rond très net dans l’épaisseur des feuilles mortes.

hobgobblintransmogrificationfoliage à genoux moi aussi
j’ai été rejeté

Nail Crumble Blue

RZ36....II-17


Jerry a laissé un journal de guerre. Il était mobilisé, sur le front d’abord, puis dans les ambulanciers. Je possède une photo de Jerry sur le champ de bataille vide, Côte360, des choses se sont coulées dans les fentes de la terre fines comme des herbes, le sol est un champ d’herbes horizontales et coupantes, il est seul, il a un pied en avant, un carnet sous un de ses bras.
Les carnets sont encore à D., Jerry y consignait la découverte de nouvelles plantes, les plantes du front, sa passion était la botanique, avec le violon et les araignées. Il voyait quelquefois un ami mourir dans le fourgon de l’ambulance et la neige tombe encore.



RZ36....II-16


Jerry jouait du violon aux araignées, il s’enfermait dans la grange à Daffydd, D comme initiale, comme si une initiale pouvait cacher le sens initial, pouvait être le sens initial, comme s’il existait une telle chose, le sens initial. Et comme si initial conduisait à universel.
La grange de D. est toujours celle de Daffydd, même si Daffydd est un lieu inconnu au bord d’un lac, le lecteur ne connaît pas D., pas le lac.
Dans la grange pour distraire les araignées.

Une telle panique


RZ36....II-15

Deux se partagent un rectangle de chewing-gum | avec le bout des dents | pas de danger | avec les lèvres | contamination, salive, dépassement | red lights.
Sur la jetée on the jetty bordée de deux rangées 2 rows of black jelly dents noires et molles piquets rongés par les algues.
Une histoire à fleurs
NO STAMP NEEDED BUT YOU CAN SAVE THE POSTAGE COST IF YOU USE ONE
Lapin Pas Mort Je commence à avoir faim
Cendres épluchées

Mon grand ami Jefrese, végétarien et gourmet amateur, réussit à échapper à Cook in Daffydd, Caemarthenshire, pendant 18 mois. Les six premiers mois, il pensait que c’était une banque. L’année suivante, ayant réalisé que Cook était une boutique vendant des repas congelés, il faisait un grand détour pour l’éviter.
Quelque chose à voir avec les carbohydrates et avoir froid. Un peu mornes, les gens du Caemarthenshire.
GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT GARDEZ LES PIEDS BIEN A PLAT

RZ36....II-14

Lunatique, extravagant.
La neige affaiblit les distances, lacis récalcitrant scinde les fesses des rennes et le paysage pâle, la neige faiblit dans la distance.
Deux doigts levés, un trou dans la manche, débris de l'un, de l'autre, le nom est ce qui importe.
Une dent, une poignée de cheveux, un petit os, animal, humain, homme, femme, qui sait. Reliquaire, relique, le nom est ce qui importe. Grey Alders do coppice, se reproduire par les racines.
Fumées de bois blanchâtre contre les haies coupantes, floraison de l’année chez les agneaux. Fleurs aiguës, thrill flowers, temple mood.
Dans la grange, Jerry jouait du violon aux araignées.

1.6.06

RZ36....II-13

L'odeur charnelle des poubelles, silhouette maigre d'un homme las.
Silhouette maigre d'un homme las, indifférent, (ou). Silhouette maigre d'un homme las ou indifférent. CLOSING DOWN SALE Small disturbances on the rubble
(steps)
(his steps)
(thin tired steps)
slightly voûté | penché vers l'avant | ne pas bouger vers le sol | thin shoulders of thin man voûté
Las ?
Sommets teintés de neige, a boiled fly in the teapot, mouche bouillie dans la théière, des vaches noires comme des corbeaux, un large drapeau au-dessus des arbres comme un oiseau gras à l’intérieur de inside son nid.
At midday blue roses
Pipistrelle, for example


RZ36....II-12

il n’existe plus, que dans il pleut, il arrive que, il me suit contre un banc de bois peint, cannette, soleil. Strongbow, bien sûr.
Sac de plastique gonflé, oreiller. Juste sur le nom, juste regarder.
Entre 4 murs gris, de chair et d’anthracite clair.

sans lui adresser la parole cette fois-ci


RZ36....II-10

Le temps est un organisme vivant flottant d'un humain à l'autre, une aile collée contre la chaussée.
Et je suis là balayant le reste dans l’herbe bleue, clochettes.
Month, Orange, Silver, Purple, un oiseau chiffonné, SAND AND GRAVEL
Il y a une fille que je connais à Daffydd qui espère être mariée l’année prochaine sous l’arche du Brondesbury Bridge, Kilburn, Kelebourne, chanvre, voiles et gibets.

Nail Crumble Blue

RZ36....II-11

Distorted, boiled cake gâteau bouilli encore une miette pour le voyage.
Quelque chose subsiste de lui, je me demande par moments comment il se fait que je ne puisse pas couper le lien, j’ai du mal à imaginer que la charge entière de la vie de Jefrese puisse être tournée dans une direction étrangère à la mienne. Parce que j’(en) suis arrivé à le penser comme ma création. Ou parti de là. Quelque chose subsiste de lui, il se demande par moments comment il se fait qu’il ne puisse pas couper le lien, tout ce qu’il a à faire est de séparer il et lui. C’est douloureux.
Salles d’attente, lieux minimums ininininterrompus, Heads and Tails, a constellation of details in a dribble of ink, silence, soupir.

Nail Crumble Blue

RZ36....II-9

Si vite protégé à l’intérieur de ces rues, si rapidement oubliant, perdant un sens de l’espace, en face du clocher de l’autre côté de l’eau, une rangée d’unités silencieuses, a row of silent units, Celt rd, 3 o’clock, l’école vient juste de se terminer, DROP OFF ZONE, une brouette pleine de terre une ortie au milieu.
L’espace a battu en retraite dans quelques allées entre les murs, Lapin-Héraut-Trompette, tout est dedans, auto-suffisant, le rêve de tout humain ou le cauchemar, dehors le fleuve la mer les rangées plates des maisons au-delà des rideaux, une seule mouette au cri serré, un seul oiseau noir.
Saule nu un homme encapuchonné sur le pont de fer sur l'autoroute, penché par-dessus balustrade, chaîne entre ses mains jointes tache rouge il y a toujours quelqu'un sur les passerelles au-dessus de l'autoroute.

13.4.06

RZ36....II-8

Et puisque les choses n'arrivent jamais comme on le prétend/ prévoit, deux hommes dansant dans le lointain, l'un est moi à l'âge de vingt ans, fracasser contre les amplis une guitare branchée à un poste de télévision entre deux cours à l'université, l'autre est moi.
Fragments de papier se modifient doucement, gouttes sous la lavande, le buisson a grandi mais la lavande n'a pas d'odeur.
La pluie a une odeur, porte fermée à clef, premier étage à la fenêtre, tentures de velours. Roses tirées.

Nail Crumble Blue

10.4.06

RZ36....II-7

Mouches de chair fendue, une voile tendue sur le ciel, dans la queue des gens qui attendent sans cesse, I spent many moons here.
Troncs de pain grillé.
Maintenant que Kilburn est mort, il reste encore un pub, peuple de faces que je connais.

Traverse doucement la mer avec son sac et son duvet, son sac est maculé, son duvet traîne derrière lui, mains violettes, sang contenu, retenu, silence.
Le monde à genoux sous une capuche, gratte de temps en temps une peluche sur l'étoffe sur sa cuisse. Mains noires, pas voir visage.
Deux sacs Sainsbury, trois sacs Morrison's.


8.4.06

RZ36....II-6



Quelquefois je trébuche.
La sorte de lumière basse sous les nuages qui donne aux bruyères une ombre précise, brindilles, feuilles, à moins que ce ne soient les bruyères qui sont les ombres d’autres bruyères.
Sous le bois comme du coton le vert s’est infiltré dans la pierre depuis toujours, en train de dépasser la pierre, mais aussi les troncs, même la mousse et l’herbe semblent avoir été sucées de leur substances et remplacées par du vert
spécifique vert, vert pierre.
Je traîne ma laine après moi je n'ai jamais très froid.

Breadth and Length and Height and Depth, la longueur d'une respiration, maison absolument abandonnée, une jolie pierre pleine de sang

Nail Crumble Blue

RZ36....II-5

Ce que Meryonn cachait dans des endroits obscurs et qu’elle découvrait à intervalles réguliers pour leur offrir une gâterie. Mad Money, l’Argent Fou.
On se dit que c’est le coin, mais non c’est la vie, brume tique d’une feuille sur une autre feuille, on se dit que c’est le coin puis on voit quand on y vit que c’est comme ça toujours et après les vacances c’est la vie, une date pour le tableau, une date pour le peintre, naissance, mort, une date pour le personnage dans le tableau, naissance, mort. L’Argent Fou creusait les murs.

RZ36....II-4

La ville pour la nature et pour les hommes, pareil, les hommes sont des rameaux sauvages, les poubelles sont des fosses en mouvement, incontrôlables, odeurs s’échappent, esclaves sales, squelettes et boulets devraient, là-dessous, longtemps après. Batailles partout déchirent les bruits.
Un œil seul.


RZ36....II-3

Dans la troisième, noyaux de date, dans la quatrième une boule de cheveux, agrippés à la terre, tiennent les morceaux. Mâcher
napperon blanc moelleux, deux épaisseurs d’une feuille fine, dentelle gravée
How much ? Where is it ? What do I get? Why would I want it? Why wouldn’t I want it?

Cordes de guitare, un jeu, j’ai fui avec mon refuge. L’angoisse de pourrir d’une mort pitoyable. Something old, something blue, something borrowed, something new, vieux, bleu, emprunté, one way street, une rue à un chemin, un passage, un sens, un ruban entier, je voulais me marier99p99p99p99p99p99p99p99 p99p99p99p99p99p99p99p

Je connaissais un pub à Daffyd dans lequel la seule décoration était un chien empaillé mais quand il ferma l’un des habitués s’assit sur les marches dans la cour vide où il avala une bouteille de whisky et cent trente six comprimés et regarda le soleil se coucher.
every move you make
every step you take

don’t cut me

Nail Crumble Blue

4.4.06

RZ36....II-2


Dans la première, des feuilles séchées avec une tige espace espace espace dans la deuxième, rien. à première vue. longtemps caché quoi effacer quand
longue
tempe
pse
quelques lambeaux de peau séchée fil clair troué très fin.

Bent over two spoons accompagnant un quiet violon inside my head, taketitakatum, écrit par la machine.
Sois sage.

Les grilles d’origines existent encore, entourent des lieux dont l’unité s’est effritée dans des cages de grillage et de ciment battu.
Pierres âgées derrière leurs grilles, croûtes brunes, tuiles de plastique. Pourquoi mêmes formes et mêmes couleurs alors que le matériau qui les a dictées a été abandonné ?
L’identité (comme si) en dehors des matières, en dehors des actes. L’immobilité des carrelages jaune/jaune, jaune/brun une traînée sur la main reconnaître le trajet.

Découpées, de grandes bâtisses déplacées au milieu d’une cour.
Il pleut discrètement
Pièges à Forbidden

Est-ce assez?


30.3.06

RZ36....II-1



"Tout tombe avec lenteur, mais les hommes qui ne prennent pas le temps d’observer ne le savent pas."
(Gustav Meyrink, « Le Cerveau »)



Pas de stylo.

J’ai pas de stylo.
T’as pas de stylo ? C’est dommage. Pour une fois que j’ai une table.

Soleil ininterrompu depuis une semaine.


28.3.06

RZ36 crédits

textes et images, isabelle barat
texte 7 en collaboration avec Lolita B.
image 19, agence Bob
image 21, Régis Beaumont


RZ36....I-36

Meryonn, deux « n », c’est écrit dans les papiers, j’ai toujours cru qu’il n’y avait qu’un « n », remarque futile à côté de la mort d’une femme, Meryon est morte, Meryonn est morte, pourquoi écrire cette petite chose, une lettre parmi les lettres, une lettre dans un nom, de plus ou de moins une morte de plus une vivante de moins.
Plugging together a guitar and a TV set, jumping through a window into a hole between two roofs, balayer c’est regarder des hommes abandonnés par les hommes, une amertume, une révolte, le sommeil.

Jerry, il s’appelait, et il est mort, il n’avait qu’une bouche et il est mort. Il jonglait avec des fèves, il m’amusait, il me distrayait, qu’est-ce que j’ai envie de faire aujourd’hui.

Mes lèvres bougent sans cesse pour arrêter les voix.

Nail Crumble Blue


RZ36....I-35

Je ne fais plus rien sans entendre des voix
ma chanson est délicate
elle freine autour de moi
je rame dans le caniveau

Nail Crumble Blue


21.3.06

RZ36....I-34


Enfant, je regarde un homme de paille qui me fixe.
Et son âme (qui se prétend d’origine) défie le temps de mon âme qui
Les pas des blancs, disait Jefrese, chemin dessiné par la plante dont les graines avaient été libérées et enfoncées dans la terre par les semelles dures. Les indiens avaient des mocassins et les crânes des morts pleurent les larmes roses.
« Headhaches », douleur.
In memoriam pour le vide.
Mais pour quoi faire et si finir par oublier ?

NOW WASH YOUR HANDS


RZ36....I-33

Overwhelming hint à la tombée du serein, oiseau mort entre deux ailes, débris de corps, gouttelettes lentes, Couvrez-vous, Faites attention, les faux arbres et les vrais s’entrecroisent sans sommeil, le clou bouche la cavité
OUCE NUIT
Le D, quoi d’autre ?

Unde Venis un temps de pluie.



15.3.06

RZ36....I-32

Saint Expedit, patron des causes urgentes, une croix en main, Hodie, aujourd’hui un corbeau noir enrubanné, demain, Tras.
Deux montagnes, l’une de nuages, l’autre de pierre, même couleur le soir.
Les vitres se salissent chaque jour, nuit, poussière, pluie, les choses collées derrière mes yeux, intouchables.

Nail Crumble Blue


7.3.06

RZ36....I-31

Trois bouteilles de plastique, fleurs coupées, l’eau trouble est au sol devant un trou du sol au plafond qui donne sur le béton et un peu d’herbe fanée.
Celle de la terre droite, celle des buées flottantes, loin de la terre horizontale.
Les yeux ouverts.
A l’extrême, le clocher se penche vers le bord, incliné sur les bouées des vaguelettes.
You’re quite safe.

GENTLEMEN PLEASE ADJUST
YOUR DRESS BEFORE LEAVING



RZ36....I-30

La seconde ligne est celle de la terre. Les constructions s’étirent en blanchissant, sur la 14e rue Jerry avait une bicyclette, il la gardait dans le couloir. Elle était belle, des roues minces, rapide.
Jerry n’avait qu’une jambe, des cheveux ras, des yeux un sourire transparents, outrageusement doux.
A la fin il est mort du sida.



RZ36....I-29

Punch-No-Hat de brume en brume, encore une pinte le soir au pub, groupe irlandais fait des ravages, ma chanson est la plus belle, bien plus belle que ça.
Pour le bébé la petite fille, paroles sucées chaque jour, toute la nuit sur la guitare, le type en face a encore crié, ma chanson est la plus belle.



RZ36....I-28

La première ligne est celle des bateaux amarrés aux pieux de bois.
Dans l’eau flottante ils ont l’étirement soigneux d’une bande de terre.
Il commençait à faire vraiment chaud dans la cuisine cigarette lourde et même une touche d’odeur, vêtements pas tout à fait propres, transpiration après la pluie, l’odeur s’immisçait dans la fumée avec la moiteur.


RZ36....I-27

Creuse légère de porcelaine entre les pierres, parmi débris un petit os, elle se demande s’il n’était pas enfermé dans le socle brisé, deux pieds joints séparés du corps, alors elle se pique le pouce avec la pointe acérée d’un talon brisé, cela la fait saigner.


RZ36....I-26

S’il a un garçon, il voudrait l’appeler Alexandre mais il y a trop d’Alexandre dans sa famille, son grand-père, son arrière-grand-père, son oncle, le chien de sa grand-mère-------------------------------------------------------------------------
barreaux noirs aux fenêtres derrière les vitres troncs blancs nuit tombante.
depuis longtemps

Bladderwrack Moon Wreck
Red stain for my lips
There’s no one for me at home
What does mean Lavander w. J que veut dire Lavander w. J ?



5.3.06

RZ36....I-25


Je reçois un erratum.
Je ne comprends pas.
J’appelle.

Nail Crumble Blue


RZ36....I-24

Beau temps, nuit blanche
délicieux châteaux tronqués
Quelque chose subsiste de ce qu’elle a créé
inutile de jouer avec un simulacre d’humanité.

Encore une traînée brune sur la page blanche.

Agenouillés sur le sol, tourne-disque tourne sur deux souffles, buée sort de la bouche, deux feuilles jaunes sur une couverture fleurie, rose vert orange.
Le reflet du thé liquide sur un air froid.
Une seule pâquerette derrière la haie.
I
am
in
a
black square of a word.
Take Care

Disséquer quelques mètres carrés sur la terre fraîche
forlorn drafts with bits of you
cheap cardboard and paper, gathering pieces and blackening them, thoroughly, stubbornly.
Brouillard, lumière des réverbères, quitter la côte. Elle a envie de faire des serments.



26.2.06

RZ36....I-23

« Déplaçant notre attention vers l’étude des dispositifs discursifs et matériels qui constituent l’appareil formel de l’énonciation grâce auquel la représentation de la conversation se présente comme représentant quelque chose autre que la. »
Manger : Je vais chercher quelque chose à manger.
Je n’ai pas faim.
Sandwichs.
Je t’ai dit que je n’ai pas faim.


Eh bien moi j’ai faim.


24.2.06

RZ36....I-22

Une pinte de bière blonde. Une seconde. Toutes deux offertes.
Une question délicate. Une femme nue sur un couvercle de fer. Quelques cigarette roulées, d’autres françaises.
Répondre ? Ne pas répondre ?
Les musiciens ont terminé. Ne pas répondre. C’est un secret.

Et pour vous ?


RZ36....I-21

Targets are goin' to and fro in between two curtains, the good one, the bad one, and in the end two hundred knocks on the back.
As for justice…
Bâtiments sombres, figures sombres, bâtiments gris réfléchis chis dans le noir écran gris, deux marionnettes violentes rouge bleu rouge bleu rouge bleu écrire dans le rythme réfléchi bâtiments gris écran difficile cadence lettres suivent pas mots marionnettes en profitent en red bleu en red bleu en red bleu cadence valse en cadence valse en cadence valse cadence

RZ36I...I-20

Le mouvement des essuie-glaces tire sur les lumières qui avec le crépuscule en haut d’un bus aux approches de Noël - Coldfall Rd, les pétales roses fuient sur la chaussée avec un bruit de graines tassées.
Lino tapis moquette, carreaux, night in a pair of offered pyjamas. Disguise.


RZ36....I-19

This is your friend J. Ton ami. In NY. Under a snow storm. Tempête de neige. Deep in the white of a great city. Sous le blanc d’une grande grande ville.

December 3, it’s the end of the year almost la fin de l’année presque maintenant c’est now Chanukah puis then there shall be Christmas New Year Noël Jour de l’An il y a quelque temps c’était ton anniversaire and a little while ago it was your birthday and I will presto as the fabulist shouts I’ll be there since I last saw you.

C’est le printemps il va neiger disent-ils poissons brillants dans l’air sec et je serais l’un d’eux, feuilles tombées n’ont pas le temps d’être touchées.
Pêchant quelques choses et coupant profond dans les buissons fumeux dans une décharge profondément noire mordue à travers la clôture par les phares des voitures, un soir.


23.2.06

RZ36...I-18

La tentation du détachement
wet wet nuit in silence outside
niquer un ordinateur.
Two ends of a story. Two ends.
Crows are big, they are flying, close cover before shrinking.



RZ36....I-17

Scooterlane sans se sauver le feu a dû prendre d’un coup quelques mots à la fois petit tas de matière noire fondue sur le trottoir. L’ombre d’une bulle dure et plate comme une pièce de carton




18.2.06

RZ36....I-16


They say it’s spring going to snow, bright fishes in dry air and I would be one of them, falling leaves haven’t had the time to get wet.
Fishing around and going back up in cloudy bushes in a deep dark dump bit through the fence by the lights of passing cars.
An evening.

À la nuit tombée ronces séchées creuses de métal, lueur d’eau. Novembre encore rose, a few words at a time. Premiers jours de l’hiver, cheveux rouges.
Dans la chambre aux cartons.

RZ36-....I-15

Chacun abandonne une partie sur la terre cimentée, poubelle ou cuisinière, quelle porte ?
Derrière la vierge en bois dans l’herbe il y a longtemps, sacoche, Daffydd et rats, encore vivants.

RZ36....I-14

Pour ne pas oublier l'oiseau dans la chair de l'arbre


Sur l'eau des rubans de feuilles, crevettes de papier, dolls, dolls, puppets, un reste de poudre rose sur des collants chair. Une voix blanche.

Leontodon Autumnalis L. Leontodon Hirtus L. Leontodon Crispus Vill. Leontodon Hispidus L. liondent d'automne liondent hérissé liondent crépu liondent hispide dendelion, Daphne Dendelion

The porch is being looked after by the rats.
Edgware au bout de la Northern line

Fermez votre sac
et rangez votre portefeuille.
Je répète :
Fermez votre sac
et rangez votre portefeuille.


17.2.06

RZ36-....I-13

Warm Hospitality


16.2.06

RZ36....I-12


Tea party, duvet bleu entre deux tombes sous un voile de plastique le plastique protège de la pluie mais ne peux rien contre la condensation de l’intérieur mieux que rien, teapot et une bouilloire neuve dans son emballage ce n’est pas rien, un petit feu et tout est prêt, arrachée à la tige tombante, une feuille en forme de cœur.

Nail Crumble Blue

RZ36....I-11


Man from the bottom of the sea les vagues se mouchent contre les rochers, les poissons frôlent les paupières contre l’eau, l’eau résiste, l’eau est faite pour résister, les yeux ouverts sont des poissons, “Jesus was my only freak / You should empty my cup cos’it is full of butterflies”
Aujourd'hui le terrain n’est plus vague, ses contours brutalement foncés contre les pointes de la clôture d’aluminium, le portail ne fondra pas, personne n’ajoutera aux débris fermés sous le saule et le rosier, les ronces s’élèvent avec les barbelés rouillés.
Lapin-héraut-trompette annonçant en bois léger…

Nail Crumble Blue


RZ36....I-10


One more story before twelve.

Daffydd au bord de la mer, canne à pêche au bout du quai, mon cœur rempli d’eau salée.
Noir et blanc, les feuilles couvrent les arbres de leurs angles pointus, décrochent un piaillement immense, un essaim d’ailes aigues dans un bruissement excédé.

Je la retrouve dans le Friendly Café, café, breakfast, je mange sur le côté de la table, fourchette suit mes yeux, assiette, tasse, cahier, tasse, assiette.
Plus tard, je quitte le diner, elle me voit de derrière la vitrine pisser dans la ruelle d’en face briques rouges foncées chiures de toutes les pisses durcies.
Je n’y peux rien.

Nail Crumble Blue


RZ36....I-9

Celle-là s’appelle Roz, son crâne édenté et le rosier sous le saule joues grumeleuses sous les intempéries un disque de grain lisse aux endroits plaqués contre le trottoir.
Roz et La Bête, je repasse tous les jours le même chemin, my round le rond ma tournée papiers cannettes peignes épluchures cheveux tranches de vie lamelles sous les ongles du balai,
j'ai été rejeté.

Nail Crumble Blue

13.2.06

RZ36....I-8

Lavender et one parapluie dépôt chaque matin avant sept heures sept o’clock pour prendre la machine le balai marche avec la pendule je ne pense plus au temps mon sang coule tessons tôles grillages sectionnés les blessures ont du mal à cicatriser.
J’ai pris des photos de ma main depuis le début ça s’est vite infecté difficile de s’en séparer je l’appelle « La Bête » je tiens son journal elle se refermera un jour.
Et pendant ce temps les enfants dans le monde dorment en moi pareil que les poupées sur mon trajet la tête en bas le cou tordu sur une couche de papiers et d’odeurs.

Nail Crumble Blue


RZ36....I-7

Une lettre d'adieu

Cher Nail,
Voici comme tu me l'avais demandé une lettre d'adieu, j'espère que quand tu la liras tu ne pleureras pas, dans cette lettre je voulais te dire que je t'aime vraiment beaucoup. Je ne sais pas si à Daffydd je trouverai quelqu'un comme toi, enfin en gentillesse, en sincérité, en générosité et surtout en humorisme (parce que personne n'est pareil). Comme tu as pu le remarquer au début de ma lettre j'ai marqué "une lettre d'adieu", franchement je n'ai vraiment pas envie que ça soit une lettre d'adieu parce que j'espère que tu m'écriras, en tout cas moi (et je dis bien moi) je t'écrirai. Je te salue.
Jefrese Lewis (ton ex-meilleur ami, enfin je le pense parce que tu as dû te trouver un autre meilleur ami).

Nail Crumble Blue



12.2.06

RZ36....I-6

Netherwoods Lane, 36, près d’un terrain sauvage le long de la voie ferrée palissade de bois avec des trous la nuit l’eau dans le pneu du camion est souple et bleue sous le flash des photos. La boue étale les herbes quand il a plu, les ronces sont dures et longues.
Le portail branle lorsque je le touche, un de ces jours il va s’affaler au lieu de s’ouvrir, quelquefois quelque chose a changé, la machine à laver défoncée est nouvelle, la roue de mobylette n’est plus qu’un cercle de terre rare et d’herbes déchirées, le fauteuil en vinyle visqueux a tourné sur lui-même.
Le rouleau de barbelés rouillés à cheval sur le jeune sureau s’élève à chaque saison.

Le rosier au pied du saule est tellement vieux qu’il ressemble à un roncier, ses roses sont roses pendant des semaines, il me sourit pendant les mois où il n’est pas fleuri, j’ai traîné l'ancienne chaise de jardin sous ses branches, je m’y assieds avec ma bouteille de StrongBow.
Et je passe le reste de mon temps dans le noir encerclé par les mouches ivres.

Nail Crumble Blue



RZ36....I-5

Bone china sur le carrelage clair de la cuisine, la machine à dire la vérité n’a pas marché, c’était une ancienne machine de l’armée, plaquer le poignet par la sangle de cuir contre la plaque de cuivre, actionner le manomètre, la vérité ne sort pas, rien ne sort, je pince son poignet, je sens l’os sous la peau, sans le savoir pendant longtemps mes os étaient sous ma peau, maintenant je sens le tour de mes orbites sous la chair au bord de mes joues, le squelette est près du temps, balayer mes os rassembler mes os.

Nail Crumble Blue



10.2.06

RZ36....I-4

Janvier, le soleil se montre, mon voisin a crié cette nuit ne supporte pas ma guitare j’ai crié aussi ce type vit sur les allocations depuis que j’habite ici c’est dire cinq ans au moins je suis tous les matins dehors à six heures et demie et j’ai le droit j’ai tous les bon sang de droits de jouer de ma guitare électrique après ma journée de travail et pas question que ce gars me dise comment passer mes nuits.

Nail Crumble Blue



4.2.06

RZ36....I-3

Poupées, dolls, chacune d’elle une robe une de mes vies. Lapins de bois, ₤1 pièce à trouver dans ce bazar sur Shoot Up Hill, tout un arrivage, chacun d’eux avec un nouveau jouet trompette tambour ballon cerceau ciseaux dans votre main coupez le long de la ligne cassée.
Je suis le gardien des poupées, trouvées recueillies terre poubelles charity shops 80p à ₤2 trottoir, celle-ci cette petite fille me l’a donnée à l’arbre de Noël l’année dernière j’ai été voté meilleur balayeur de l’année par les gens du quartier et j’ai allumé les lumières de l’arbre de Noël de Kelebourn.

Nail Crumble Blue



RZ36....I-2

« J’ai trouvé, Ma, un emploi », je sais qu'elle pense au poste de chercheur, l'entretien il y a deux semaines à la Manchester Université, « Tout près d’ici, Kelebourn Service Team, tous les jours de 7h à 15h, balayeur », tout par-dessus bord, les rats, Daffydd, la vie avec la sacoche. Il y avait des potences dans Kelebourn au temps des brigands, des pendus qui remuaient avec le vent, le fleuve est loin pourtant.
Allison est partie il y a treize mois, passer l’été dans sa famille, pas revenue. J’ai attendu un mot puis je l’ai composé, une lamelle, une lettre, une lamelle, une lettre, le message changeait sans cesse alors j’ai arrêté. Puis Finchley Université a fermé la section recherche il y a cinq mois, plus de rats.

Nail Crumble Blue



3.2.06

RZ36 chroniques du balayage

où l’on commence par les chiens pour finir par les rats - deux nouvel an à la suite – il est question de ménage


A la veille du nouveau nouvel an avec un nom d’animal, cette-fois-ci c’est le mien, le chien, mon nom d’animal, dog, siao kô, siao kô, petit chien pour un an.
Entre le premier nouvel an et le nouvel an de chien, ma mémoire raconte des histoires et je suis surpris. J’ai l’idée ou l’espoir d’une mémoire stricte, un emballage intègre qui recueille les événements à leur passage, parfois les dévore mais ne les change pas. Un cercueil. Régulièrement je découvre dans ma mémoire le cadavre d’un corps étranger.

Ça a commencé avec un rat en tranches, cerveaux sciés, lamelles de rat, l’excentricité parfaite d’un os scié cercles à l’intérieur des cercles rien à l’intérieur pas compter les années.
Mais le cerveau n’est pas un trou, bistouris lames influx nerveux synapses sauts, flots de clichés dans des boîtes à chaussures, elle, assise sur le lit sans draps, elle en veut un, top-secret, après tout juste un, après toutes ces années, cinq ans que je n’ai pas pris la sacoche pour aller au labo, lui donne la sacoche avec le cliché.

Nail Crumble Blue